Samedi 12 novembre 2011

Sont à la maison, T. (depuis jeudi), R. (depuis hier) et depuis ce soir M., et je ne parviens pas à comprendre pourquoi la présence chez moi de ces amis m'encombre à ce point. Je ne sais plus quel écrivain, je crois Renaud Camus disait que tous les matins il se levait en pensant : "quelle joie de passer aujourd'hui toute une journée avec Renaud Camus!". Trop souvent, la compagnie de moi-même me paraît préférable à celle de toute autre -c'est ce que devenu pour moi la solitude : la calme compagnie de soi-même…

Quant au front politique, les choses sont plus exaspérantes à mesure que se confirme (notamment au regard de la pauvre situation de l'Europe) la règle, qui vaut pour toute la vie, qu'on a toujours tort d'être pessimiste : non point seulement que la réalité ne vienne trop souvent vous donner raison; c'est surtout que, d'avoir eu raison, on a presque toujours à se plaindre. Prévenez-vous optimistes et idéologues de leurs égarements, ils vous prennent pour un rabat-joie, un aigri, un attardé qui ne saisit décidément pas l'esprit du temps. Les faits confirment-ils l'un après l'autre vos préventions, vous n'aurez été qu'un oiseau de mauvaise augure, triste sire qui n'a jamais rien de neuf rien à proposer - infâme, le bonhomme qui se récrie parce qu'on incendie sa maison : il n'a de toutes façons pas de plan B. S'ajoute que tout pessimiste, qui a davantage pitié des hommes que de lui-même, se reprochera de n'avoir pas su agir pour empêcher les malheurs qu'il avait si bien prévus et dont l'accumulation creuse à mesure son chagrin - ou, la joie mauvaise d'avoir eu raison contre tous, qui est le suprême chagrin. Pire encore quand ceux qui l'ont traité de haut (comme nous le fumes par la petite clique même plus gouvernante) se font un triomphe de leur échec et se prétendent seuls capables d'y porter remède : c'est qu'ils connaissent, eux, la boutique; cela s'appelle l'expérience…