Mardi 15 novembre 2011

Grèce, Italie, Banques, agences de notation, Europe, euro et suite : la question de la Souveraineté est partout, comme nous l'avions si bien vu; et ce que l'on voit de mieux en mieux, c'est que l'autre nom de la souveraineté est la responsabilité. Il faudrait s'arrêter sur le mot cardinal de responsabilité, dont l'exemple grec a tant montré qu'il était le tendon d'Achille de l'Europe dite unie : les Grecs ont joué avec l'euro comme on joue aux billes, indifférents aux dépenses comme aux ressources parce que la monnaie qui les formulait et les disciplines qu'elle supposait étaient bien trop lointaines, et comme étrangères. En Grèce comme en tout pays latin où les disciplines ont toujours supposé des Etats forts, Bruxelles n'est qu'une sorte de compagnie d'assurance légitimant tous les caprices - et de massifs emprunts que par ailleurs les banques n'ont cessé d'encourager. Qui n'est pas souverain n'est pas responsable : dès l'origine, l'irresponsabilité était dans le système, et le minait.

La machine européenne répond en prenant le pouvoir : M. Papandréou est remplacé non parce qu'il a perdu les élections mais au contraire parce qu'il a voulu consulter le peuple; et par qui ? M. Papadimos, diplômé du MIT, professeur à Columbia University, gouverneur de la Banque de Grèce dans les années où celle-ci s’est qualifiée pour l’euro grâce à des comptes falsifiés par Goldman Sachs, enfin vice-président de la BCE. Idem en Italie : M. Berlusconi n'a pas perdu les élections, mais il est indocile et, pire, populaire. Du coup, les "marchés" entrent en scène, montent quand on pressent sa démission, et baissent quand il la dément jusqu'à faire grimper les taux et sévir les agences. Il démissionne : "Enfin une bonne nouvelle pour l'euro" titre le Monde du 10 novembre. "Les marchés ont réussi là où la gauche italienne a échoué "; et chacun de se réjouir du dessaisissement du peuple souverain. Entre alors en scène, sorti d'on ne sait quel chapeau (il n'était même pas parlementaire), M. Mario Monti, diplômé de Yale, dix ans commissaire européen, membre de la Trilatérale et du groupe de Bilderberg (selon Wikipédia), et depuis 2005 conseiller international de Goldman Sachs; tandis que le redressement est piloté depuis Francfort, où il vient d'être placé à la tête de la BCE, par un certain Mario Draghi, lui aussi diplômé du MIT - et vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs…